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d’une main toute-puissante et vengeresse. Éperdue, affolée, elle court au temple de Quanon pour demander grâce et pour sauver son âme, si c’est encore possible.

Car Quanon est bon. Quanon est un dieu de pardon.

À gauche du temple elle voit, dans l’écurie sainte, le cheval consacré.

Singulière coïncidence, ce cheval est jaune avec la queue et la crinière blanches.


À gauche du temple elle voit, dans l’écurie sainte, le cheval consacré.

Elle arrive au sanctuaire, s’agenouille devant la statue et, levant les yeux, elle s’aperçoit que le dieu a les pieds salis d’une boue claire, encore humide.

Plus de doute. Le bel inconnu, c’est Quanon lui-même. C’est Quanon qui est venu mettre fin aux crimes de la vieille. C’est Quanon qui a voulu sauver sa fille en lui faisant racheter par un dévouement sublime toute une vie de perversion et d’horreurs.

Alors la femme, cachant sa figure sous sa longue manche, se retire la tête baissée et marche chancelante jusqu’à la mare qu’a traversée le dieu. S’avançant dans l’eau, elle s’y laisse tomber et se noie en poussant un sanglot de désespoir.

On nous montre, près du grand temple, la mare de la vieille femme, mare vénérée, puisqu’elle fut témoin d’une des trente-trois incarnations du dieu Quanon.