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Dans des enclos on vend des fleurs, des plantes rares et de fort belles faïences pour servir de jardinières.

Les photographes, qui ne respectent rien, se sont introduits dans ce jardin sacré et les pèlerins peuvent avoir leurs portraits se détachant sur le grand temple.

La photographie, la lampe à pétrole et le chapeau forme melon, tels sont pour les Japonais les spécimens les plus flatteurs de la civilisation européenne. En vain on importe des cargaisons de produits élégants, commodes, bon marché, séduisants, avantageux, utiles et économiques ; rien ne réussit. L’indigène se cantonne dans ses habitudes qu’il trouve plus agréables, il consomme ses produits qui lui reviennent moins cher et se sert de ses objets d’art qui lui semblent de meilleur goût. On retourne en Europe les cargaisons avec cent pour cent de perte.

Mais les chapeaux de feutre ;
Mais les lampes à pétrole ;
Mais les photographies ;
Succès, succès, succès, comme disent les Américains.



Cimetière et boutiques de tir à l’arc.

Parmi les boutiques il faut signaler, en cherchant des euphémismes, les boutiques de tir à l’arc. Ce sont de charmantes jeunes filles qui en font les honneurs. Elles vous sollicitent à venir exercer votre adresse et profitent de l’occasion pour risquer force mots à double entente.

Il ne faudrait donc pas chercher là quelque chose d’analogue à nos tirs à la carabine. Les établissements d’Assaksa, loin de contribuer à développer la force et l’adresse des Japonais, les poussent à la mollesse et à l’oisiveté. Ils font le bonheur des jeunes gens et le désespoir des parents. C’est là qu’on trouve, comme habitués, les étudiants paresseux, les ouvriers flâneurs, les djinrikis en goguette.

Pour exercer son adresse, on s’accroupit sur la natte à côté des jeunes filles. Devant soi le carquois vous présente une auréole de flèches