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Faisaient, aux frais de l’Hôte, une entière bombance.
Il arrive les sens troublés,
Et les poumons tout essoufflés.
« Qu’avez-vous donc ? lui dit un de ces Rats. Parlez.
— En deux mots, répond-il, ce qui fait mon voyage,
C’est qu’il faut promptement secourir la Souris,
Car Raminagrobis
Fait en tous lieux un étrange ravage.
Ce Chat, le plus diable des Chats,
S’il manque de Souris, voudra manger des Rats. »
Chacun dit : « Il est vrai. Sus, sus, courons aux armes. »
Quelques Rates, dit-on, répandirent des larmes.
N’importe, rien n’arrête un si noble projet ;
Chacun se met en équipage ;
Chacun met dans son sac un morceau de fromage,
Chacun promet enfin de risquer le paquet.
Ils allaient tous comme à la fête,
L’esprit content, le cœur joyeux.
Cependant le Chat, plus fin qu’eux,
Tenait déjà la Souris par la tête.
Ils s’avancèrent à grands pas
Pour secourir leur bonne Amie.
Mais le Chat, qui n’en démord pas,
Gronde et marche au-devant de la troupe ennemie.
À ce bruit, nos très prudents Rats,
Craignant mauvaise destinée,
Font, sans pousser plus loin leur prétendu fracas,
Une retraite fortunée.
Chaque Rat rentre dans son trou ;
Et si quelqu’un en sort, gare encor le Matou.