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Avertissement

Les douze mélodies que je présente ici à mes lecteurs sont tirées de la collection Les Voix du Pays en cours de publication dans la revue Kloc’hdi Breiz (Le Clocher breton)[1]. Grâce au concours de mon excellent ami M. René Saïb, directeur de cette revue, je suis arrivé à sauver ainsi de l’oubli une magnifique gerbe de mélodies bretonnes, souvent très remarquables au point de vue musical[2].

Malheureusement il n’en est pas de même des textes qui, presque toujours, sont ou tronqués ou modifiés. Aidé par M. l’abbé Le Goff, le distingué grammairien breton — Que je saurais trop remercier pour son aimable concours — j’ai essayé de retoucher quelques unes de ces chansons ; mais certaines d’entre elles manquaient absolument de sens et à mon vif regret je me suis vu dans l’obligation de les écarter pour les remplacer par des compositions nouvelles. Pour éviter toute confusion j’ai signée celles-ci de mes initiales.

On pourrait aussi regretter que toutes les chansons données ici sont des chansons d’amour. Il n’en existe plus guère d’autres dans le Bas-Vannetais. A peine si j’ai rencontré trois ou quatre chansons historiques sur toutes celles que j’ai recueillies. Le peuple breton, hélas ! a oublié son histoire et par suite il ne prend plus plaisir à chanter les admirables exploits de ses ancêtres. Quelque peu désorienté, c’est aux mélancoliques sones, composées autrefois par ses « kloéreg », qu’il demande aujourd’hui de bercer son âme, avide d’idéal et de poésie.

Puisse-t-il cependant ne pas trop se complaire dans ces douces et intimes rêveries et songer qu’il est temps de reprendre conscience de la valeur historique de sa race et de se préparer à l’action féconde, gage du triomphe dans l’avenir.


Quant aux traductions, je les donne aussi littérales que possible.

En terminant ce court avertissement, je crois faire plaisir à nos lecteurs en plaçant ici les quelques lignes que René Saïb écrivit pour la première édition des Voix du Pays : Ce sera notre avant-propos.

« Ces chansons, paroles et musique, sont croyons nous, entièrement inédites. Elles ont été recueillies par notre collaborateur Loeiz Herrieu à la grande source populaire de la terre bretonne ; ce sont celles que l’on entend aux retours de pardons, aux veillées des fermes, et que les laboureurs chantent ou sifflent dans le champs et dans les sentiers des landes, pour bercer aux heures de repos, leurs vagues songeries, pour éteindre aux heures de travail, la plainte de leur corps fatigués.

Herrieu en a appris les airs avec un scrupuleuse exactitude ; je les ai notés ensuite, à l’entendre, avec non moins de scrupule pour les plus petits détails du rythme, du mouvement ou de l’intonation.

Si j'ai toujours, en la notation musicale, suivi exactement la version que me chantait M. Herrieu, n'en rectifiant, très rarement d'ailleurs, un détail de rythme que lorsqu'il y avait faute absolument évidente et déviation indiscutablement certaine du texte musical primitif, nous n'avons pas cru devoir observer le même rigoureux respect vis à vis des textes littéraires.

  1. Rue Belle-Fontaine, villa Kerizel, Lorient.
  2. On pourra facilement constater, qu’au point de vue musical, ce recueil contient parfois dans les mélodies quelques notes qui diffèrent des versions du „Clocher”. Quelques mélodies sont absolument les mêmes. (H. G.)