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Tout cela était excellent sans doute, mais en été on a autre chose à faire que de se changer et de se masser réciproquement chaque fois qu’on est en sueur ! Et puis, il faudrait recommencer trop souvent ces deux opérations !

Quand les gamins couraient dehors tête nue, comme il arrivait fréquemment, les maîtres s’empressaient encore d’intervenir :

— Mais faites donc attention : ces enfants vont prendre mal ! Ne les laissez jamais au soleil la tête découverte.

Ils n’auraient pas voulu non plus les voir sortir au crépuscule, ni par les temps humides, en raison de la faiblesse de leurs poumons. En un mot, ils conseillaient tout un tas de prescriptions bonnes pour les enfants des riches, — qui ne s’en portent pas mieux d’ailleurs, — mais auxquelles les petits des travailleurs n’ont pas l’habitude d’être astreints.

Et quand quelqu’un, petit ou grand, souffrait d’une indisposition quelconque, le Monsieur et la Dame insistaient de compagnie pour lui faire prendre des médicaments et pour qu’on aille quérir le médecin.

— Ils se figurent pourtant que leurs remèdes empêchent de mourir, disait mon père. C’est de la blague : plus on s’en fourre dans le corps, plus mal on se porte. Tant qu’aux médecins, s’il fallait recourir à eux chaque fois qu’on sent du mal, on ne pourrait pas suffire ; car s’ils ne connaissent rien aux maladies les trois quarts du temps, ils s’entendent toujours à raboter l’argent… On voit bien que le « bourgeois » était pharmacien : ça s’accorde ensemble, les marchands de drogues et les médecins, pour rouler le pauvre monde.

De même, ma mère disait, quand elle venait de subir un cours d’hygiène :