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luaient dans sa sphère. Ce n’était pas pour donner du poids à ses affirmations.

Pour moi, je louai, toujours dans Saint-Aubin, au Chat-Huant, une locaterie de la même grandeur à peu près que celle que j’avais occupée jadis sur les Craux de Bourbon. Je payais bien cher, mais avec les revenus de mes petites économies, — pour lesquelles le notaire m’avait trouvé une hypothèque sérieuse, — je comptais pouvoir joindre les deux bouts tranquillement.

Marguerite, la petite de la pauvre Clémentine, resta avec ses oncles : nous prîmes avec nous son frère Francis qui commençait d’aller en classe ; et nous prîmes aussi la Marinette que je craignais de voir malheureuse ailleurs.

Je fus bien étrange — et Victoire également — dans ces bâtiments étroits ; et j’eus de la peine à me réhabituer au travail solitaire dans ces champs et dans ces prés minuscules. J’avais plus de loisirs et moins d’inquiétudes que dans le domaine ; mais, à de certains moments, j’étais fort ennuyé d’être seul pour tout faire. Il me fallut me remettre à faucher, à remuer les gerbes, toutes grosses besognes que mes garçons ne me laissaient plus effectuer quand nous étions ensemble. Je ne tardai guère d’être obligé de prendre quelquefois, l’été, un ouvrier pour m’aider.


LI


En dehors des heures de classe, le petit Francis nous tenait bien compagnie. Au cours des veillées d’hiver,