Page:Guillaumin - La Vie d’un simple, 1904.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puté, avait cessé d’exercer). M. Picaud la trouva très malade, déclara qu’une jaunisse s’était greffée sur l’anémie et donna l’ordre de lui enlever tout de suite son bébé. Il fut pris par une sœur de Moulin qui l’éleva au biberon ; un de ses frères prit l’aîné, déjà fort. Nous nous chargeâmes, nous, de la cadette, une petite fille de six ans, et du troisième, un gamin de quatre ans. Rosalie fit un peu la grimace à l’arrivée de ces enfants, mais elle les eut vite pris en amitié et leur fut ensuite toute dévouée.

Victoire s’installa aux Fouinats, au chevet de Clémentine, mais tous ses soins furent inutiles. L’état de la pauvre enfant empira de jour en jour et, le 25 novembre, par un temps de grand brouillard, elle mourut : elle avait trente et un ans.

Cet événement eut pour conséquence de faire ajourner jusqu’au printemps le mariage projeté entre Charles et Madeleine, la bonne des Noris.


L


Depuis que j’avais travaillé chez son père, depuis surtout qu’il m’avait remis la jambe et soigné, le docteur Fauconnet m’avait toujours reconnu. Quand il me rencontrait à Bourbon, à l’époque des vacances, il ne manquait pas de me parler de ce « vieux chouan de Noris » qui était bon, disait-il, à envoyer au dépôt.

Conseiller général et député depuis plusieurs années, M. Fauconnet était à présent l’homme influent de la région. Pendant les vacances, les quémandeurs