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tenir au rancart ceux qui affichaient des opinions républicaines, à ne rien dépenser chez eux.

C’était sa façon de se venger de la République…


XLVI


Les deux demoiselles veillaient spécialement à l’exécution des clauses concernant la religion. Il nous fut assez pénible à tous de nous y conformer.

En ce qui me concerne, j’allais à la messe auparavant un dimanche sur deux à peu près, c’est-à-dire que j’avais conservé la coutume de ma jeunesse. Quand je me rendais le dimanche à Bourbon ou à Franchesse je ne manquais guère d’aller à la messe, et je n’approuvais pas ceux qui allaient passer à l’auberge le temps de la cérémonie. J’étais loin de croire néanmoins à toutes les histoires des curés : leurs théories sur le Paradis et l’Enfer, sur la confession et les jours maigres, je prenais tout ça pour des contes. Il me semblait, — et mon opinion n’a pas varié, — que le vrai devoir de chacun était contenu dans cette ligne de conduite toute simple : travailler honnêtement, ne causer de chagrin à personne, rendre service quand on en a la possibilité, venir en aide à ceux qui sont plus malheureux qu’on ne l’est soi-même. Ce programme, que les meilleurs n’appliquent pas toujours, vaut tous leurs sermons. En s’y conformant à peu près, je ne crois pas qu’on puisse avoir quelque chose à craindre, ni là, ni ailleurs. Pour ce qui est de la fameuse vie éternelle qui doit suivre celle-ci, ils en parlent beaucoup sans en rien savoir, les curés. J’avais remarqué comme tout le monde qu’en l’attente des joies célestes ils ne