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moisson est finie : bouvier, vite à tes bœufs, il faut conduire les fumiers pendant que les chemins sont secs. Au chargement, les autres : taillez par rangées dans le gros tas de la cour de petits cubes égaux que vous alignerez symétriquement sur les voitures. C’est embêtant, les machines travaillent : il faut aller chez les voisins pour aider au battage. Mais quand on en revient tout crasseux de poussière, la tête bourdonnante, les membres lassés, vite à l’œuvre interrompue, à l’épandage des fumiers, au labour ! Septembre : les jours raccourcissent, allongeons-les ; le travail presse, les pommes de terre sont bonnes à extraire ; continuons de nous lever à quatre heures. Hardi ! les gas !… Octobre et les semailles : l’eau peut survenir ; profitons de ce qu’il fait bon ; continuons de nous lever matin. Hardi ! les gas !… Ouf ! voici novembre enfin : c’est la saison d’hiver, la saison du calme. C’est la saison du calme, mais non celle du repos : il y a encore des besognes en masse, des labours de chaumes, des rigoles à creuser dans les prés, des ronces à extirper, des bouchures à tailler, des arbres à ébrancher ; il y a surtout les animaux qui ont réintégré l’étable et qu’il faut soigner. Debout à cinq heures quand même : allons dans la nuit au pansage, nous serons prêts plus tôt pour le travail des champs. Et, tout le jour, allons patauger dans la boue, crottés jusqu’aux cuisses et les pieds mouillés. La veillée convient très bien pour couper la ration de racines fourragères des bœufs et des moutons gras, pour faire cuire les pommes de terre des cochons.

— Hardi ! les gas ! ne restons pas inactifs au coin du feu.

Il ne chauffe guère, le feu ; le bois est humide, la cheminée fume. Mais précisément parce qu’il ne chauffe guère, on serait disposé à trembler si on ne travaillait