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proximité du château. Ludovic s’approcha, remué de ses larmes.

— Elle t’a fait mal ?

— Oui, monsieur Ludovic.

— Ce n’est rien : il faut tamponner ça avec de l’eau fraîche.

Il l’entraîna jusqu’à la cuisine du château où la bonne, avec une serviette mouillée, mit de la fraîcheur sur le sillage rouge qui lui brûlait la face.

Mathilde regardait, sans pitié :

— C’est bien fait : il ne voulait pas courir, le cheval.

Par hasard, Mme Lavallée vint à ce moment donner des ordres pour le dîner ; elle se fit mettre au courant, puis déclara :

— Mathilde, c’est très mal. Ludovic, il ne faut pas permettre à ta sœur d’agir ainsi.

Elle s’adressa ensuite à Charles :

— Vois-tu, mon garçon, Mathilde est vive ; quand tu joues avec elle, il ne faut pas la contrarier.

Elle lui fit donner par la cuisinière un biscuit avec un peu de vin, puis les renvoya tous trois de compagnie.

— Allons, retournez jouer ; et tâchez de ne plus vous battre.

À la suite de cette aventure, Charles fit des difficultés pour retourner avec ses deux tyrans. Il s’en venait avec moi dans les champs ; il se cachait pour leur échapper. Un jour, ils allèrent le relancer dans un pré de bas-fond très humide où il gardait les vaches. Avant leur arrivée il s’était amusé à faire une grelottière. (C’est une sorte de petit panier ovale qu’on tresse avec des joncs et dans lequel on met deux ou trois cailloux menus avant de le boucher tout-à-fait : les cailloux font ensuite, lorsqu’on agite l’objet, un vague bruit de