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Pour les choses de la culture, je n’étais certes pas de ceux qui aiment se lancer dans les nouveautés, dans les frais, sans savoir ce que seront les résultats. Mais quand j’avais été à même de me pouvoir convaincre de la supériorité d’un outil, je l’adoptais sans retard. (Dès mon entrée à la Creuserie, je m’étais muni de deux bonnes charrues qui faisaient plus vite que l’araire du bien meilleur travail.) J’aurais voulu que le régisseur fît, à l’égard des engrais, ce que je faisais pour l’outillage ; je tenais surtout à lui faire adopter la chaux, sachant que tous ceux qui en avaient fait l’expérience s’en déclaraient enchantés. Mais M. Parent devenait de plus en plus craintif et il faisait la grimace, disant que ça entraînerait des frais trop considérables. Il n’avait qu’un but : arriver à donner au propriétaire une somme au moins équivalente à celle qu’il lui avait donnée l’année d’avant. C’est que, si, pour une raison ou pour une autre, ses revenus venaient à baisser, M. Frédéric faisait la moue avec des plaintes.

— Bientôt les revenus de mes propriétés ne suffiront plus à payer l’impôt !…

Cependant nous nous entendions, les métayers des six domaines, pour revenir fréquemment sur cette question de la chaux ; nous insistâmes si fort que M. Parent finit par en parler au maître qui lui répondit de son air le plus bourru :

— Si j’avais voulu m’occuper moi-même de la gérance de mes biens, il est clair que je ne vous aurais pas pris comme régisseur. Arrangez-vous à tirer des domaines tout ce qu’ils peuvent donner, de façon à ce que les bénéfices aillent en augmentant. Ce n’est pas à moi de vous indiquer les moyens d’arriver à ce résultat.

M. Parent restait donc perplexe, hésitant entre la