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gnée. Les enfants étaient de petits maigriots, rusés et sournois, précocement vicieux.

Ma bourgeoise, à qui sa sœur avait fait souvent des confidences, n’ignorait rien des dessous du ménage ; elle craignait son beau-frère et, lorsqu’il venait, elle mettait les petits plats dans les grands, se donnait tout plein de mal pour le satisfaire. Les visites du verrier m’ennuyaient aussi. Je ne comprenais rien aux questions politiques dont il m’entretenait, non plus qu’aux choses de son métier, et ses blagues sarcastiques ne m’amusaient pas. Lui ne s’intéressait aucunement à la culture, qu’il affectait de mépriser. Cela mettait de la gêne entre nous ; j’éprouvais un vrai soulagement de le voir s’en aller.

Les jours qui suivaient ces réceptions, Victoire se montrait plus grincheuse encore que de coutume, comme pour racheter ses efforts antérieurs d’amabilité. À ce point de vue, il était heureux que les visites soient rares.


XXX


La troisième année de mon séjour à la Creuserie, je trouvai moyen d’être infidèle à ma femme.

— Oh ! par exemple, va-t-on s’écrier, avec une vie si bien remplie, comment pouviez-vous trouver le temps de songer aux intrigues amoureuses ? C’est bon pour les riches qui, ne sachant comment tuer leurs loisirs, courent de ci de là, au gré de leurs caprices, avec l’espoir de trouver de l’imprévu.

Eh bien, la chose arriva tout de même, tout à fait