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Devant ces exemples, il est permis de rester perplexe, également éloignés de ceux qui affirment et de ceux qui se moquent. J’en suis encore là.


XXIV


Certain jour de foire de Bourbon, pour le carnaval de 1853, mon beau-père me tira à part sur la place de la Mairie, où je causais avec d’autres, pour me dire qu’il était à même de me faire entrer comme métayer dans un domaine de Franchesse, sa commune d’origine : il connaissait particulièrement le régisseur qui était son ami d’enfance.

J’y songeais un peu, à prendre un domaine, car je comprenais qu’en restant là il me faudrait louer mes enfants dès qu’ils seraient en âge de pouvoir garder les bêtes ; et cette éventualité m’était pénible. J’aurais pourtant préféré attendre encore quelques années, mais, après réflexion, je jugeai plus sage de ne pas rater cette occasion.

Le dimanche suivant, nous nous en fûmes donc, le père Giraud et moi, voir la ferme en question. Elle était située entre Bourbon et Franchesse, à deux cents mètres du chemin qui reliait les deux communes, et s’appelait « la Creuserie ». Elle dépendait de la propriété de M. Gorlier, dit « de la Buffère », du nom d’un château tout voisin qu’il habitait pendant l’été. La propriété comprenait cinq autres fermes : Baluftière, Praulière, le Plat-Mizot, la Jarry d’en haut et la Jarry d’en bas, une locaterie qui s’appelait les Fouinats, et la maison du régisseur à proximité du château.