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qu’ils comprennent sans effort ; mais je ne ferai que traduire vos phrases, ce sera bien de vous quand même.

— Allons, c’est entendu : commence quand tu voudras.

Cela l’a occupé beaucoup, le pauvre vieux ; il est venu me trouver à plusieurs reprises pour me rapporter des choses qu’il avait oubliées, ou bien d’autres qu’il s’était juré de ne jamais dévoiler.

— Puisque je raconte ma vie par ton intermédiaire, je dois tout dire, vois-tu, le bon et le mauvais. C’est une confession générale.

Il a donc fait tout son possible pour me satisfaire. Mais peut-être n’ai-je pas été constamment fidèle à ma promesse ; peut-être ai-je mis dans certaines pages plus de moi qu’il n’eût fallu… Cependant j’ai lu au père Tiennon, aussitôt écrit, chacun des chapitres ; j’ai fait à mesure les retouches qu’il m’a indiquées, réparé les petits accrocs à la vérité, changé le sens des pensées que je n’avais pas bien saisies de prime-abord.

Quand tout a été terminé, je lui ai fait de l’ensemble une nouvelle lecture ; il a trouvé bien conforme à la vérité cette histoire de sa vie ; il s’est déclaré satisfait : lecteurs, puissiez-vous l’être aussi !

Émile Guillaumin.