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XII.


Narbonne délivrée.


Cependant dame Hermengard de Narbonne étant montée aux créneaux du donjon, s’aperçoit que le camp des Sarrasins est attaqué et qu’on abat les pavillons et les tentes. Elle appelle ses trois fils et leur dit :

— Alerte, nobles damoiseaux, secourez votre frère Guillaume et Bernard et Garin et le jeune Hernaut et le vieux Aymeric ; ils ont attaqué le camp des Sarrasins, ils renversent leurs pavillons, ils sont donc revenus de France, où ils ont été armés chevaliers et nous amènent du secours. La race maudite s’en apercevra bien. Je vois que déjà il se livre un combat sanglant, allez vîte vous armer, je vous en conjure par votre amour filial.

Les trois damoiseaux ne tardèrent pas ; ils coururent s’armer, et Guibelin appela les chevaliers qui gardaient avec eux la cité et leur dit courtoisement :

— Nobles chevaliers, armez-vous au plus tôt, et allons secourir notre cher père et mes frères Guillaume, Bernard et Garin.

Ils se hâtent d’obéir ; grands et petits prennent leurs blancs hauberts et leurs heaumes, les bonnes épées et les forts écus bombés ; ils s’arment et montent leurs coursiers arabes. On ouvre la porte de la ville ; Guibelin et Aymer, le preux, s’y précipitent à la tête de la chevalerie de Narbonne.

En jetant les yeux sur la hauteur, Aymer découvrit bientôt son père aux mains des Sarrasins. Il appelle Guibert et lui dit :

— Par mon chef, frère, nous aurons du malheur, si Dieu, qui fut mis sur la croix, ne s’en occupe ; voyez là-haut, sur cette colline, notre père entre les mains des Sar-