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Le noble Guillaume les en remercie et dit :

— Ah Dieu, mon sauveur ! si tu me permets de retourner à Narbonne où je suis né et j’ai été élevé, je frapperai tant sur les païens mécréants, que j’en aurai le bras teint de sang.

Puis il court au roi et le prie de lui donner la permission de partir.

— Volontiers, répondit Charles, je me garderai bien de vous le défendre.

Il lui donna dix mille de ses hommes, et Guillaume partit plus heureux qu’il ne fut jamais.




X.


Guillaume et Thibaut.


Le marquis au bras de fer se mit en marche et l’empereur le convoya avec toute sa cour. Chemin faisant il lui jeta le bras sur l’épaule droite et lui dit :

— Seigneur Guillaume, voilà plus de vingt-cinq ans que j’ai porté les armes, et bien souvent les païens en ont senti le poids. Je vois bien que je n’ai plus longtemps à vivre ; or, j’ai un fils, le courtois et sage Louis, auquel je laisserai mes châteaux et mes terres. Mais j’ai grand’ peur que les Français ne lui obéissent pas, quand je serai enterré. Voilà pourquoi je vous prie au nom du Dieu tout-puissant, de lui rester fidèle, quoi que fassent les autres.

— Par l’apôtre saint Jacques ! répondit Guillaume, il n’y a homme sous le ciel, quelque grand que soit son lignage à qui je ne fasse sauter la tête des épaules, s’il commet envers lui quelque action honteuse.