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bon haubert à doubles mailles et laça sur sa tête un heaume étincelant ; ensuite il ceignit une épée à la poignée incrustée d’or.

On amena un destrier bon coureur, et Bernard monta en selle par l’étrier de gauche. Il pendit à son cou un fort bouclier et s’armant d’une lance au fer tranchant, il cria à haute voix :

— Armez vous, chevaliers, et allons essayer notre valeur ; on verra bien qui est fils d’Aymeric.

— Bernard parle bien, dit l’empereur.

Après Bernard, le roi Charles fit donner des armes à Guérin et Ernaut. Lorsqu’enfin il voulut armer Guillaume, celui-ci remarqua un jeune homme, fils de comte, qui avait passé sept ans à la cour du roi, où il avait pris soin des oiseaux de chasse, et qui paraissait fort chagrin de n’avoir pas encore été récompensé. Guillaume l’appela à lui et lui dit :

— Bel ami, avancez ; prenez ces armes et parez-vous en.

Le gentil bachelier le remercia avec chaleur et se hâta de s’armer. Il sauta, sans se servir de l’étrier, sur le destrier qu’on lui amena, mit un fort écu à son cou, et prenant un épieu niellé en main, il caracola devant tous les seigneurs qui admirèrent sa bonne tenue.

À la requête de Guillaume l’empereur conféra les mêmes honneurs à soixante-sept damoiseaux. Et à chacun d’eux le fils d’Aymeric donne cent marcs d’argent en deniers monnayés et des pièces d’étoffes précieuses, qu’il avait apportées de Narbonne et qu’il tenait d’Hermengard, sa noble mère.

La cour était encore sous l’impression de cette munificence, lorsqu’un messager se présenta, venant d’Orange, la cité admirable, et envoyé par dame Orable. Il entra au palais et demanda Guillaume. Lorsqu’on le lui eut montré, il le prit à part et lui dit fort poliment :

— Seigneur damoisel, que les bénédictions de Dieu soient