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de l’armer richement. On lui fit endosser un haubert aux mailles dorées, on lui laça un heaume brillant sur la tête et on lui ceignit une magnifique épée. Puis un cheval fort et vif lui fut amené. Le jeune homme sauta en selle sans se servir de l’étrier, puis ayant jeté à son cou un écu épais et pris en main une lance, il fit caracoler son cheval devant Thibaut.

— Quel beau cavalier ! dirent les Musulmans. Quel dommage qu’il soit Chrétien ! Allons ! rendons-le à ses parents.

En même temps Thibaut fit venir tous les chariots du pays et y fit charger le vin, le blé, la viande salée, les hauberts, les heaumes et les écus demandés. Le convoi mit trois jours à défiler par la porte de la ville. Desormais, si pendant sept ans la récolte venait à manquer, les assiégés n’auraient pas de disette.

Là-dessus ils rendirent la liberté au fils du Khalife.




VIII.


Entrée à la Cour.


Cependant Aymeric et ses quatre fils chevauchent vers la douce France ; ils traversent bien des pays, des bois, des monts, des villes ; enfin ils arrivent à Paris et se rendent aussitôt à Saint-Denis, où l’empereur avait convoqué une cour plénière. La noblesse était accourue en foule : il s’y trouvait dix archevêques et vingt rois couronnés, cent évêques et jusqu’à mille abbés. Les nobles laïques étaient si nombreux qu’il fut impossible de les compter.

L’empereur, se rendant à l’église, rencontra le comte Ayme-