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— J’en serais fort content, répliqua Guillaume. Il n’y a qu’une chose qui me chagrine ; c’est que j’ai perdu Baucent avec lequel je comptais me présenter à Orange devant dame Orable.

— Nous l’avons trouvé, dit le père, et voici qu’on vous l’amène.

Lorsque Baucent entendit la voix de Guillaume, il fit un tel effort, qu’il jeta par terre cinq de ceux qui le retenaient, et d’un bond il s’approcha de son maître. Jamais personnes qui s’aiment ne se firent plus de caresses que Baucent et Guillaume.

Rien n’empêcha donc plus Aymeric et ses enfants de se mettre en route.




V.


Attaque de Narbonne.


Thibaut, le roi d’Arabie, entretenait des espions à Narbonne. Aussitôt qu’Aymeric et ses fils eurent quitté la ville, ils se hâtèrent d’avertir Thibaut qu’il trouverait Narbonne sans défenseurs : il n’y avait pour s’opposer à la prise de la ville qu’une dame qui ne devait guères pouvoir soutenir l’attaque.

Cette nouvelle rendit Thibaut fort joyeux ; il rassembla aussitôt ses troupes et les fit embarquer au port d’Almérie.

Sur la proue de son propre navire, plus richement équipé que les autres, il fit placer, sous un dais de soie verte, une statue de Mahomet en ivoire resplendissant. On l’entoura de lanternes qui servirent de signaux aux autres navires.