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Orange pour voir les grandes salles du palais, et avant tout la belle demoiselle Orable. Si l’on eût voulu l’enfermer dans sa chambre au château de Gloriette, il eût préféré cette prison à la France entière.

Quand les Français l’aperçoivent ils crient „Montjoie !” le cri de guerre de Charlemagne, en vociférant contre l’ennemi.

— Lâches païens, crient-ils, que Dieu vous damne ! Rendez-nous Guillaume ! Pour le venger mille des vôtres perdront corps et âme.

L’aîné des frères, Bernard, va frapper le chef de la troupe : son armure ne le garantit pas, il tombe mort. Hernaut et Garin attaquent les princes d’Orange et les jettent par terre ; et Guillaume, dans sa joie d’être secouru, saisit le roi Murgalé à la gorge et lui donne un tel coup de poing qu’il lui fait jaillir les deux yeux de leur orbite. Puis s’adressant à ses libérateurs, il demanda :

— Qui êtes-vous, chevaliers, qui êtes venus à mon secours ?

— Je suis Bernard, ton frère. Et ces autres, ce sont nos écuyers. Quand j’eus la nouvelle que les païens t’avaient fait prisonnier, je leur donnai des armes et des chevaux et ils sont volontiers venus avec moi.

— Vous avez bien fait, répondit Guillaume. Cependant je serais bien volontiers allé à Orange, pour voir la tour et le palais et la belle Orable au fier visage. Thibaut l’Arabe la demande en mariage ; mais par la foi que je dois à l’empereur Charlemagne, si je vis assez pour être chevalier, je la lui disputerai les armes à la main.

— Vous n’avez pas le sens commun, lui dirent ses frères. Cependant on s’embrassa de bon cœur et Guillaume remercia avec effusion ses libérateurs.

En ce moment Aymeric, qui était resté en arrière avec une partie de leurs gens, s’avance fièrement : trente trompettes sonnent l’attaque.

— Ce sont de vrais diables, dit Acéré ; nous voilà enveloppés, nous n’en réchapperons pas.