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IV.


Trahison punie.


Bientôt le soleil se leva et les Sarrasins parurent, ayant à leur tête Otrant de Nîmes, Acéré, Clariel d’Orange et le roi Goliath. Aussitôt Guillaume, à la tête d’une partie des siens, s’avança contre eux. Il était armé de sa grosse perche, si lourde qu’un vilain ne la porterait pas une demi-portée d’arbalête ; mais lui, il la manie aussi facilement qu’un archer, une simple flêche.

À sa vue Goliath fut atterré :

— Nous ne pouvons échapper à la mort, dit-il : voyez ce grand diable armé d’une perche si lourde qu’un cheval ne la traînerait pas, malheur à qui l’attendra.

Et les païens s’enfuient. Guillaume s’élance à leur poursuite et en fait un carnage épouvantable.

— Par Mahomet ! s’écrie Acéré, jamais on ne vit un seul homme causer une si grande perte.

— Elle ne fait que commencer, réplique Guillaume. Si je vis, je bâtirai à Orange une église où les prêtres du vrai Dieu me chanteront vêpres, et quant à vous, je vous couperai la tête.

Les païens courent de plus belle, et Guillaume les suit au grand galop de son cheval. Il ressemble à un sanglier furieux, ou plutôt à la foudre qui accompagne l’orage.

Enfin voyant les ennemis complétement en déroute, il crie à leurs chefs :

— Arrêtez : vous n’avez rien à craindre.

— Vous avez beau dire, chevalier, dit Acéré ; mais n’avancez pas, avant d’avoir jeté à tous les diables ce formidable piquet que je vous vois brandir.

— Ne craignez rien ; par amour pour Orable je laisserai mon arme.