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couvrirent la terre et le convoi tomba aux mains des Français qui y gagnèrent un butin considérable : des caisses remplies d’or et d’argent, des mulets, des chevaux. Ils l’ont partagé parmi leurs hommes et ils ont ensuite dressé leurs tentes dans la montagne. En ce moment les Français, vaincus par la fatigue, dorment ; si on les surprenait avant le jour, on en viendrait facilement à bout.

Aussitôt que Clariel eût entendu ce rapport il fit sonner une trompette par la ville, et les Sarrasins coururent s’armer au nombre de cinq mille.

Ah ! Sainte Marie, Aymeric et son vaillant fils Guillaume que ne le savent-ils ! Heureusement celui que Dieu veut sauver, n’est jamais perdu.

Orable, qui savait ce qui se passait, fit appeler un de ses serviteurs, et lui dit :

— Mon ami, écoute bien ce que je vais te dire, et je t’en saurai bon gré. Tu iras droit vers Guillaume, mon bien-aimé : tu le chercheras dans la montagne près de Montpellier jusqu’à ce que tu l’aies trouvé, et tu lui diras mot pour mot ceci : s’il peut se rendre maître de ma personne, je me ferai chrétienne pour lui, je me ferai baptiser et je croirai en son Dieu. Dis-lui ensuite de s’armer parce que ceux d’Orange, au nombre de cinq mille, sont montés à cheval pour aller le surprendre. Si tu fais bien ma commission, tu en auras grand profit ; car à ton retour je te donnerai tant de mon bien que tu seras riche à jamais.

— Je ferai ce que vous commandez, répondit le messager, et il monta tout de suite à cheval. Puis, sortant de la ville par une poterne, il dépassa bientôt la troupe armée et chevaucha en toute hâte au clair de lune.

Cependant Aymeric faisait garder son camp par une quarantaine d’hommes sous les ordres de son fils Guillaume. Quand la sentinelle vit un homme s’approchant du camp, elle lui cria :