Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.
382

Mais par l’amour de Dieu ! dites-moi d’où vous vient ce butin. Êtes-vous allé par la forêt de Beaucler et avez-vous rencontré les larrons ?

— Je vous dirai tout, répondit Guillaume. En allant, je n’en aperçus pas un seul, mais au retour je fus attaqué par quinze bandits. Je les ai si bien arrangés avec chair et os que désormais le chemin est libre et que le plus pauvre homme y passera sans aventure.

— Que Dieu soit loué ! dit l’abbé. C’étaient des mécréants qui n’avaient pas foi en Jésus. Je vous absous du péché que vous avez commis en les tuant.

L’abbé fit promptement décharger les poissons, et les moines en mangèrent au dîner. Guillaume fut placé à la table de l’abbé, et on lui versa autant de bon vin qu’il voulut en boire.

Les morts furent bientôt oubliés.




V.


Le saint hermite.


Cette nuit apparut à Guillaume un ange que Dieu lui avait envoyé et qui lui parla en ces termes :

— N’aie pas peur ! Je viens de la part du Dieu du ciel, qui t’ordonne de quitter cette abbaye. Demain tu prendras ton haubert et tes armes, tu monteras à cheval, et tu marcheras sans te détourner tout droit vers le désert du côté de Montpellier. Dans un lieu écarté, près d’un ravin, il y