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Cependant le comte était encore à cheval, quoique à peu près nu, n’ayant plus de robe et couvert seulement de sa culotte, de ses chausses et de ses bottes ; et les larrons l’entouraient toujours et tenaient le cheval par le frein, afin qu’il ne pût leur échapper.

— Larrons, leur dit-il, vous êtes des canailles. Vous serez encore pendus à une potence ignominieuse, et ce sera bientôt si je sors d’entre vos mains.

Le chef de la bande se mit à jurer :

— Par mon menton et par ma gorge ! fit-il, vous nous laisserez votre cheval et vos bottes, et même vous nous livrerez vos chausses.

Le comte descendit de cheval.

— Tenez, dit-il, par saint Pierre l’apôtre, il me semble que je n’ai plus rien qui puisse vous tenter, sauf les culottes qui me couvrent les reins et une ceinture qui ne vaut pas grand’ chose.

— Livrez-nous la tout de suite.

— Par le serment que j’ai fait à notre ordre ! elle vaut plus que tout le reste ensemble. Vous la prendrez si vous voulez, mais je ne vous la donnerai pas… Regardez donc, voyez quelle superbe ceinture ! D’ici à Montpellier il n’y en a pas de si riche, avec de tels boutons d’or pur. Celui de vous à qui elle écherra en partage, doit bien en sentir le prix. Il n’y a pas deux jours que je la payai plus de sept livres. Si vous y attachez tant de prix, que vous ne vouliez pas me la laisser, approchez-vous plus près de moi. Que Dieu confonde mon chef ! si je vous la donne ; car on me le reprocherait partout. Mais que celui qui veut la prendre, s’avance.

Le chef de la bande ayant remarqué les pierres fines et l’or flamboyant de la ceinture, jure par Dieu qu’il ne la lui laissera pas. Il veut l’arracher de ses reins, et il se met à genoux pour la déboucler.

La patience du comte était à bout.

— Dieu ! fit-il, pour qui me tiennent ces exécrables glou-