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plus que Renouard ne sera pas loin de lui ; il n’a rien à craindre de roi ni d’émir. Retournons donc dans nos terres.

— Comme vous l’ordonnez, répondirent ses fils. Ils demandèrent congé au comte Guillaume, qui le leur accorda, tout en les pressant dans ses bras, et dame Guibor les embrassa à plusieurs reprises.

Les trompettes sonnèrent, les bagages furent chargés sur les sommiers, et ils se mirent en marche.

Mainte larme fut répandue et bien des cris de douleur furent poussés sous les murs d’Orange quand Guillaume et ses amis se séparèrent. Cependant les voilà partis. Les Français prirent le chemin de Paris, pour retourner dans le royaume du roi Louis, le comte Aymeric alla à Narbonne, le hardi Hernaut à la Gironde, Guibert à Andernas, Beuve de Commarchis à Barbastre, Bernard à Brebant et Aymer-le-chétif en Espagne.

Cependant le marquis Guillaume au court nez, resta à Orange presque sans défense. Il garda bien auprès de lui Bertrand, Girard et Gui, Gautier de Termes et le hardi Hunaut, ainsi que Gaudin le brun, quoiqu’il ne fût pas encore guéri de la grande blessure qu’il avait reçue à la poitrine ; mais il n’y avait à Orange que cent hommes de valeur reconnue.

Alors le marquis Guillaume se souvint avec amertume de Vivian et les larmes lui coulèrent le long de son visage. Cependant Guibor et les jeunes gens qu’elle avait élevés tâchèrent de le consoler.

— Noble comte, lui dit-elle, ne vous laissez pas décourager. Tel a perdu qui regagnera, et tel est pauvre qui deviendra riche. Tel rit le matin qui pleurera le soir. Un homme qui est en pleine santé n’a pas le droit de se plaindre.

Il y a longtemps que le monde a commencé ; Adam, le premier homme que Dieu forma, mourut ainsi que ses en-