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des enfants auprès de lui. Chacun le regarda comme une grande merveille.

Après la cérémonie on apporta l’or, l’argent et les choses précieuses dont il y avait assez, enfin tout ce qu’on avait conquis sur les païens en l’Archant. On mit tout en un monceau au milieu de la salle.

Alors Guillaume au court nez se leva et dit :

— Noble Renouard, approchez-vous de moi et soyez, je vous en prie, mon sénéchal ; je désire que vous donniez riche solde à ceux que j’ai amenés de France.

— Il sera fait comme vous l’ordonnez, dit Renouard ; et il prit un boisseau et s’avança vers le trésor. Alors, élevant la voix, il dit :

— Que celui qui veut gagner du bien s’avance !

Alors on vit les chevaliers et les écuyers s’avancer en masse ; pas un ne resta en arrière. Et Renouard monta sur les monceaux d’or, dont on aurait bien pu charger jusqu’à quatorze vaisseaux ; et le boisseau fut rempli et vidé tour à tour, et chacun eut sa mesure. Tout le monde reçut ce qu’il désirait, et le plus pauvre y devint riche.

— Il nous a bien rémunérés, se dirent-ils ; bénie soit l’heure où il vint en ce pays. Il n’a pas son pareil en libéralité ; certes, à bon droit il serait couronné roi.

— Seigneur Renouard, dit le comte Guillaume, je veux vous conférer la chevalerie, avant que mes nobles parents me quittent pour aller conter vos hauts faits au roi Louis.

— Monseigneur, répondit Renouard, le plus tôt sera le mieux.

À ces paroles on sonna les cors, pour appeler les Français qui étaient dispersés dans le palais. Ils se rassemblèrent devant la grand’ salle. Renouard, accompagné de Guibor, d’Aymeric et de tous ses parents, descendit du perron.

Devant la salle se trouvaient deux arbres ; on étendit un tapis sous leur ombrage et Renouard s’y assit.

Guillaume et Beuve, Aymeric et le fort Guibert l’armèrent