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VII.


Renouard oublié.


Les Francs de France retirèrent des vaisseaux le grand butin qui y était amassé. Dieu ! que de richesses y conquit-on ! Chacun fut content de sa part.

À la tombée de la nuit les tentes furent dressées en Aleschant et les Français allèrent s’y reposer, fatigués qu’ils étaient du combat. La garde du camp fut confiée pour cette nuit au comte Hernaut.

Le lendemain matin, Bauduc, qui était grièvement blessé, s’adressa à Renouard et lui dit :

— Messire, permettez que je me retire en mon pays. Aussitôt que je serai guéri de mes blessures, je viendrai vous trouver dans le palais seigneurial d’Orange, et je me tiendrai à votre disposition, je vous en donne ma parole.

— J’y consens, répondit Renouard ; mais gardez-vous de me tromper, car par Celui qui fut cloué sur la croix ! n’importe dans quel pays vous vous cacheriez, on vous trouverait, et votre trahison serait punie.

— Ne vous méfiez pas de lui, dit Guillaume ; je suis certain qu’il ne manquera pas à sa parole.

— Certes, monseigneur, jamais par moi serment ne sera faussé.

On lui octroya sa prière et l’émir quitta la France sur un petit bâtiment dirigé par un pilote habile. En levant l’ancre ils recommandèrent à Dieu les Français en général et Renouard et Guillaume au court nez en particulier.

L’armée resta au camp ce jour là qu’on passa à emballer le butin. Puis on dîna à la fin de la journée, et chacun se coucha bien aise de se reposer encore.