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Les Français commencèrent à se moquer des héros sans courage, mais Renouard s’interposa en disant :

— Laissez mes gens tranquilles, ou, par la foi que je dois à madame Guibor ! je me fâcherai et vous ferez connaissance avec mon tinel. Or je châtierai si bien même le plus huppé d’entre vous, que vous perdrez l’envie de chanter. Je suis fils de roi, je ne me laisserai plus avilir ; dès aujourd’hui je montrerai mes cornes. Il y a trop longtemps que je me suis laissé insulter. Malheur au fruit qui ne veut pas mûrir, et honte à l’homme qui ne se soucie pas de devenir meilleur ! Je suis fils de roi, je dois m’en souvenir. Le proverbe dit vrai : qui est bon le prouve.

Quand les Français entendirent Renouard parler de la sorte, pas un n’osa sonner un mot.




VI.


Bataille.


Cependant Guillaume fit ranger ses gens en bataille, et les Sarrasins en firent de même. Les deux armées purent se mirer dans les armures resplendissantes. On resangla les chevaux, on déroula les enseignes de toutes couleurs, et les cors et les trompettes sonnèrent, tandis que les païens et les Bédouins hurlèrent et crièrent sur le bord de la mer.

Quand il eut rangé son armée, le comte Guillaume, monté sur Folatise, chevaucha devant eux, après qu’il leur eut dit :

— Barons, aujourd’hui nous verrons bien qui vengera Vivian et frappera hardiment sur les païens. Heureux celui qui fera mieux que les autres ! je pense que ce sera Renouard qui nous surpassera tous.