Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
326

Il suivit la comtesse, sans oublier son tinel. Les Français qui le virent passer par la grand’ salle, chuchotèrent entr’eux :

— Par sainte Marie ! vois donc comme ce Renouard a l’air d’un sauvage ; il avalerait bien deux paons et un cygne.

— Tais-toi, dit un autre, ne l’agace pas, il nous aurait bien vite couchés dans notre cercueil.




V.


Encore Renouard.


Quand Renouard fut entré avec la comtesse dans sa chambre, ils s’assirent ensemble sous le dais. La chambre était riche, bien peinte, pavée de marbre, et le soleil n’y pénétrait qu’à travers des vitraux.

Guibor lui adressant la parole en langue sarrasine, dit :

— Renouard, mon ami, tâche de te rappeler si tu as un frère ou une sœur.

— Oui, fit Renouard, de l’autre côté de la mer ; mon père était roi, et j’avais une sœur surpassant en sagesse et en beauté les fées mêmes.

Il n’en dit pas d’avantage et baissa la tête sur sa poitrine. Guibor, dont le cœur devinait en lui son frère, ôta son manteau de pourpre et le lui mit sur les épaules. Puis elle continua :

— Mon ami, ne me cachez pas le nom de vos parents.