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de haute extraction et d’appartenir à une famille noble et puissante. Est-il chrétien ?

— Non, madame, il n’a pas été baptisé. On l’amena tout jeune d’Espagne à Laon, où il a passé sept ans dans les cuisines. Cela l’a hébété. Mais chargez-vous de lui et tout ira bien.

— Monseigneur, répondit-elle, je suivrai vos ordres.

Comme le dîner tardait, Guillaume alla s’accouder à la fenêtre et Guibor sa bien-aimée à côté de lui. Le temps était beau et l’air pur. Regardant à sa droite, il vit s’approcher un corps de quatre mille cavaliers bien armés, tout resplendissants d’or et d’acier. Guillaume les reconnut tout de suite à leurs bannières pour les gens de Hernaut de Gironde. Il les montra à la comtesse et dit :

— Voilà Hernaut et sa vaillante troupe ; Thibaut et Desramé auront beau faire, demain Bertrand sera hors de prison.

— Nous vous verrons à l’œuvre, répondit-elle, comment vous vengerez votre neveu.

Pendant que ceux-ci dressent leurs tentes sous les murs d’Orange, voici que d’un autre côté arrive Beuve de Commarchis, à la tête de deux mille hommes bardés de fer ; puis Aymeric avec quatre mille hommes de Narbonne aux heaumes brunis.

— Ah ! Guibor, fit le comte, tout va bien ; voyez-vous là-bas, en cette lande, cette troupe aux bannières éclatantes ? C’est mon père, Aymeric à la barbe blanche. Et à côté de lui Beuve de Commarchis, dont les païens retiennent deux fils prisonniers. Bientôt ils seront en liberté.

Guibor se jeta dans les bras de son mari et lui baisa la bouche et les joues, tout en rendant grâces à Dieu.

Presque en même temps arrivèrent Bernard de Brebant, le père du comte Bertrand, Guibert d’Andernas et enfin Aymer-le-chétif, tous à la tête d’une forte troupe armée.

Lorsque Guillaume vit venir son plus jeune frère, l’ennemi le plus redoutable des Sarrasins, il se jeta sur Fola-