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Et Renouard jura qu’il les dompterait tous et qu’il amènerait le plus osé d’entr’eux à lui obéir.

Quand il fut vêtu, la belle Aalis l’appela près d’elle et lui dit :

— Renouard, mon ami, tu as vécu longtemps parmi nous, mais aujourd’hui mon oncle t’emmène de la cour. Or si je t’ai jamais causé quelque déplaisir, je t’en demande pardon.

Et là-dessus elle l’embrassa, et Renouard lui pardonna tous les torts qu’elle pouvait avoir eus envers lui.

Enfin les trompettes sonnèrent et mirent fin à cette scène. L’armée s’ébranla. Après plusieurs journées de marche on arriva à Orléans et ceux qui ne trouvèrent pas de place dans la ville campèrent sous les murs.

Le comte Guillaume paya aux bourgeois l’amende pour avoir tué leur châtelain et plusieurs d’entr’eux ; et le lendemain au point du jour il put les quitter en ami.

Le roi Louis ne convoya pas plus loin le comte ; il prit congé de lui sous les murs d’Orléans ; la reine pleura amèrement au départ et sa fille se trouva mal. Le comte Aymeric de Narbonne aussi quitta l’année avec dame Hermengard ainsi que ses quatre fils.

En prenant congé d’eux, Guillaume leur baisa la face, mais il eut soin que leur bouche ne touchât pas la sienne. Chacun des frères lui promit de lui amener à Orange autant d’hommes qu’il pourrait en rassembler, et ils tinrent parole.

Après leur départ le comte Guillaume hâta sa marche vers Orange. On fit tous les jours autant de chemin que possible, sans se laisser arrêter par rien. Enfin ils virent, s’élevant au-dessus de la vallée d’Orange, une fumée qui leur apprit que les païens avaient dévasté la contrée et brûlé la ville. Le matin de ce jour même ils avaient livré un assaut au château.