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mettre à ma disposition les chevaliers de France ; mais je crains qu’il ne rejette ma prière.

— Ne craignez rien, dit Hernaut ; vous le trouverez à Laon, où il doit tenir une cour plénière. Il y aura grand nombre de chevaliers, car il doit disposer du fief de Vermandois. Mon père y sera avec une grande suite. Allez-y, monseigneur ; je n’ai plus qu’à ajouter que vous pouvez disposer de mon or et de mon argent, de mes chevaux arabes et de mes chevaliers.

Le comte l’en remercia avec effusion, mais il ne voulut emmener personne avec lui. Il embrassa tendrement son frère et se mit en route. Il ne s’arrêta pas avant d’avoir atteint Étampes, où il arriva le soir et coucha. Le lendemain il remonta à cheval, mais sans endosser son armure qu’il chargea derrière lui. Il fit tant qu’un dimanche, à l’heure du dîner, lorsque les gens sortaient de l’église, il entra à Laon.

Il avait l’air de sortir d’un combat ; lorsqu’il passa dans la rue, les manants, tout étonnés de la grandeur de son cheval, se mirent à ricaner :

— En voilà un qui ressemble à un oiseau de proie ! A-t-on jamais vu pareil cheval ! C’est le diable qui l’a rendu si gros.

Le comte passa sans mot dire : il ne voulait pas se disputer avec eux.

Devant la porte du château il y avait un olivier ; c’est là qu’il descendit de son cheval qu’il attacha à l’arbre. Ses habits étaient en lambeaux ; mais il portait au côté son épée dont la garde était d’or massif. On le regarde avec étonnement, mais personne n’ose lui parler, tant il leur fait peur.

Un homme du palais se hâte d’aller porter au roi la nouvelle qu’il y a un cavalier à la porte du palais.

— Je ne sais, dit-il, s’il est chevalier, mais dans toute la France il n’y a personne bâti comme lui. Il est grand et