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pas merveille, puisqu’il était blessé à mort. Guillaume se tourna de son côté et se baissant sur son cheval, il lui prit son épée et lui en coupa la tête.




V.


Fuite à Orange.


Dès ce moment le comte se sentit en sûreté. Il descendit de cheval et ôta l’armure au païen sans foi. Il l’endossa prestement, laça sur sa tête le heaume luisant et ceignit l’épée du vaincu ; enfin il suspendit Joyeuse à l’arçon de la selle.

Quand il eut pendu à son cou l’écu bardé de fer, il ressemblait comme deux gouttes d’eau à un Sarrasin.

Avant de se mettre en route, il ôta à Baucent le frein, la selle et le poitrail, afin qu’il pût mieux courir, car il était faible et fatigué, — et se tirer des mains des païens.

Ensuite, après s’être recommandé à Dieu, il se mit en marche, suivi par Baucent. Il ressemblait en tout point à un Sarrasin, non seulement par ses armes, mais encore par son langage ; car il parlait bien plusieurs langues et entr’autres celle des Sarrasins.

Que Dieu le protége ! Il en aura besoin, car déjà les païens l’ont remarqué, et s’il tombe entre leurs mains il passera un mauvais quart d’heure.

Guillaume chevaucha par la terre étrangère en se dirigeant vers la montagne, toujours suivi par Baucent qui per-