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comte qu’ils ont presque culbuté par terre. Mais Dieu le protégeait. Son cheval fut grièvement blessé à la croupe et au flanc ; ses boyaux traînent à terre.

Guillaume leur fait faire connaissance avec son épée ; celui qu’il atteint n’a pas besoin de médecin. Des quinze rois, trois seulement s’en échappent vivants.

Dans cette occasion le comte a fait preuve de force et de courage, en sortant vainqueur d’un combat contre tant d’ennemis ; mais aussi on sait que jamais aucun homme ne put lui être comparé.

Il reprit le chemin d’Orange qu’il croyait libre ; mais voici deux nouveaux ennemis sortant d’une embuscade ; c’est Aarofle et Danebron.

En les apercevant Guillaume se dit :

— Voici encore une chance à courir. Cela ne me plait guère. Cependant je n’ai pas à me plaindre, après avoir triomphé des quinze rois que je viens de mettre en déroute. Il serait honteux de fuir devant ceux-ci, qui ne sont que deux ; on le reprocherait toujours à mes descendants. J’aimerais mieux mourir que de ne pas éprouver leur valeur.

Puis s’adressant de nouveau à son cheval :

— Baucent, dit il, je te dois déjà beaucoup et tu es toujours désireux de me servir. Dieu merci, tu es encore fort et alerte. Voici deux nouveaux ennemis formidables qui viennent à nous ; nous aurons un nouveau combat à soutenir.

Cependant les deux rois s’avançaient en criant :

— Glouton orgueilleux, ton dernier jour est venu. Nous avons longtemps couru après toi, enfin nous te tenons dans un endroit où nul homme ne viendra à ton secours. Ton Jésus n’empêchera pas que tu n’aies la tête coupée. Tu as tué et maltraité maint noble homme, aujourd’hui tu en seras payé. Pour tout l’or du monde nous ne te laisserions aller avant d’avoir pris ta tête.

— C’est une honte, répondit Guillaume, de m’attaquer