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la poitrine et l’épée haute ; mais Guillaume ne lui laisse pas le temps de frapper et d’un coup adroit lui sépare la tête du tronc. Lorsqu’il eut tué le septième, il lui prit son écu, qu’il pendit à son cou, après avoir jeté le sien. Plein de fierté il galopa en rond en brandissant son épée sanglante. Le huitième roi, tout pâle, se met à fuir ; il n’aurait pas attendu le comte pour un vallon plein d’or.

Guillaume croyait déjà la route libre, lorsque les sept autres cavaliers lui barrèrent le chemin. Ils avaient nom : Corsable, Corboclé, Orrible, Aristé, Ébron, Josué et Esmeré d’Odierne. Ce dernier était fils de Guibor et beau-fils du comte.

Ils entourent Guillaume de tous côtés ; que Dieu le protége ! S’il leur échappe, il aura du bonheur.

— Beau-père, lui cria Esmeré, pourquoi m’as-tu pris mon héritage en me chassant d’Orange et en épousant ma mère contre mon gré, après avoir tué mes frères ? Tu les fis battre jusqu’au sang et puis tu les pendis à un arbre. Sire Guillaume, je ne l’ai pas oublié. Par Mahomet ! tu m’as gravement insulté ; que je sois deshonoré pour toujours si je n’en tire vengeance ; ta tête me le paiera.

— Tu parles de vengeance ; mais l’homme qui n’aime pas la religion chrétienne, qui hait Dieu et vit sans charité, n’a pas le droit de vivre ; et celui qui le tue, débarrasse la terre d’un démon. J’ai tué les tiens en l’honneur de Dieu, et Il m’en sait bon gré. À bon droit on vous appelle des chiens, car vous n’avez ni foi ni loi.

À ces paroles Esmeré enragea de colère ; il cria à ses compagnons :

— Nous avons tardé trop longtemps. Par Mahomet ! il ne partira pas d’ici. Nous lui couperons tous les membres. Malheur à nous, s’il parvenait à s’échapper ! on nous le reprocherait toute notre vie.

Tous ensemble éperonnent leurs chevaux, et baissant leurs lances aux bouts ferrés, ils vont donner contre l’écu du