Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255

veilla pendant toute la nuit. À l’aube il remonta sur son cheval, exténué de fatigue, mais non sans avoir baisé à plusieurs reprises le mort et l’avoir recommandé à la garde de Dieu. Il s’éloigna en pleurant et regarda bien souvent derrière lui.




IV.


Défense désespérée.


Il voulut profiter du crépuscule et marcha sans bruit. Mais bientôt le soleil brilla de tous ses feux, et les Sarrasins aperçurent le fuyard.

— Eh ! glouton, lui crièrent-ils, maintenant nous allons voir comment ton Dieu, que tu invoques tant, t’aidera.

Ils l’attaquent de tous côtés ; et Guillaume de fuir à grands coups d’éperons. En un clin d’œil Baucent les a laissés bien loin derrière lui. À l’extrémité d’un chemin creux, le comte rencontra quinze chevaliers païens, et voyant qu’ils étaient en si petit nombre, il sentit renaître son courage ; il jura qu’ils ne l’arrêteraient pas. Il invoqua le Seigneur et le Saint Esprit lui renouvela ses forces.

— Seigneur, dit-il, qui souffris la mort sur la croix pour la rédemption de ton peuple, protége-moi aujourd’hui contre la mort, afin que je puisse revoir Orange et la comtesse qui m’attend avec anxiété. — Baucent, si tu réussis à me porter au-delà de cette montagne, avec la permission de Dieu, je parviendrai à m’échapper. Mais il faudra livrer bataille à ces quinze ; j’aurai besoin de tout mon courage ;