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l’oreille, fronça ses narines et secoua la tête, pour prouver à son maître qu’il avait repris toutes ses forces. Aussitôt le noble guerrier se remit en selle et descendit de la hauteur en marchant lentement vers l’Archant.

Il était dans un piteux état. Les lacets de son heaume étaient rompus ; il les renoua. Son écu était troué en trente endroits, son haubert, jadis si luisant, souillé et déchiré. Il avait au moins quinze blessures et le sang suintait à travers les anneaux de sa cotte de maille. Son heaume était tout bossué et cassé, son épée ébrêchée et souillée de sang. Ses poings et ses bras étaient tout ensanglantés ; tout en lui annonçait qu’il sortait d’un combat acharné.




III.


La mort de Vivian.


Un brouillard épais descendit sur la terre et le vent déchaîné souleva des tourbillons de poussière qui cachèrent Guillaume aux yeux des Sarrasins. Il s’avança toujours dans l’Archant parmi des monceaux de cadavres d’ennemis. Tout à coup il lui sembla voir à terre l’écu de Vivian ; effectivement il le reconnut à sa grande douleur. Et regardant à droite, il aperçut Vivian lui-même, gisant à terre sous un arbre touffu à côté d’une flaque d’eau ; il était criblé de blessures mortelles, et ses mains blanches étaient croisées sur sa poitrine.

À cette vue une sueur froide inonda le comte ; il donna un furieux coup d’éperon à sa monture et se fraya un