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— Celui-là nous laissera en paix. Allons chercher Guillaume en Aleschant ; nous l’emmènerons prisonnier à nos vaisseaux et nous le donnerons à Thibaut, pour qu’il s’en venge à plaisir.

Ils s’en allèrent au galop, laissant Vivian couché sur le sable.




II.


Guillaume et son coursier.


Lorsqu’il reprit connaissance, il se leva, et voyant près de lui un cheval gascon, il le saisit et monta à grand’peine en selle. Il parvint jusqu’à un étang dans un endroit ombragé par un bel arbre. Là ses forces l’abandonnèrent de nouveau ; il devint tout pâle et un nuage descendit sur ses yeux, car son sang coulait toujours ; il en était tout couvert. Il descendit de cheval et se mit en devoir d’implorer Dieu de lui pardonner ses péchés et de protéger son oncle Guillaume. Celui-ci cependant soutenait toujours un combat acharné contre les païens, dont il tue une grande quantité sans se fatiguer. Mais plus il en frappe, plus il y en a. Et des dix mille guerriers qu’il a conduit au combat, il ne lui en reste que quatorze ; et encore sont-ils affaiblis par leurs blessures.

— Au nom de Dieu, seigneurs, leur dit-il, frappons tant que la vie nous durera. Une voix intérieure me dit que nous ne sortirons pas vivants d’ici. Déjà nos meilleurs chevaliers ont succombé, car je n’entends plus le cri de guerre des Français. Bertrand est mort, et avec lui j’ai perdu la fleur de mon lignage. Je vois bien que cette bataille