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s’était bien défendu ; à force de frapper, il avait le poing tout enflé.

Guillaume entendit le son du cor et dit à Bertrand :

— Entendez-vous ? C’est le signal de Vivian, il doit être exténué. Lacez votre heaume et prenez la moitié de nos hommes pour attaquer, je vous soutiendrai avec le reste.

Le soleil était resplendissant dans un ciel d’azur. Le comte Bertrand se hâte de s’armer ; et avec lui Gautier de Blaives, Gaudin de Toulouse, Hunaut de Saintes et le jeune Guichardet lacent leurs heaumes luisants, ceignent leurs épées, et saisissant leurs écus et leurs lances, montent sur leurs chevaux de bataille. À la tête de dix mille hardis combattants ils s’avancent fièrement du côté de l’Archant. Le bruit de leurs trompettes est répercuté par les vagues de la mer.

Ce bruit fut entendu par le vieux Desramé ainsi que par Clariel et le géant Haucebier. Tous deux dans leur dédain pour leurs ennemis, n’avaient pas même endossé leur armure.

Desramé crut que c’était le roi Thibaut qui lui amenait des troupes fraîches. Mais voilà Corsuble, chevalier de la suite du roi Esméré, qui s’approche d’eux en courant ; le sang lui coulait jusqu’aux éperons, car Bertrand lui avait planté son épieu dans le corps. Il leur cria de loin :

— Monseigneur Desramé, pourquoi tardes-tu ? Ne t’occupe plus de Vivian, ce n’est pas un homme, mais un diable procréé par un serpent ; nulle arme ne peut le mettre à mort. Mais rassemble tes gens, car par Mahomet ! il en est temps. Voici Guillaume et Guichard et Bertrand, Hunaut de Saintes, Gautier-le-Toulousain, Girard et le jeune Guichardet, et tant d’autres que je ne saurais les compter. Maintenant il s’agit de se bien défendre.

Desramé crut devenir fou ; il redoute fortement Guillaume, car jamais il ne l’a rencontré sur un champ de bataille qu’il n’ait été aussitôt défait. Il ordonne à ses guerriers de se concentrer, et ils cessent d’attaquer Vivian, qu’ils