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pour se laisser intimider ; ils sont persuadés qu’il sont invincibles.

Quand Vivian entendit le son des cors, il dit à ses hommes :

— Aux armes ! Tant que nous sommes en vie, il est de notre devoir de ne pas laisser les Sarrasins en repos, mais de les tuer et pourfendre à la plus grande gloire de Dieu. Je ne voudrais pas pour un muid plein d’or que Guillaume au court nez nous trouvât ici.

Obéissant à ces paroles, ses chevaliers ne tardèrent pas à attaquer le camp des païens avec fureur. Desramé voulant en finir avec eux, dit aux siens :

— Ce neveu de Guillaume semble nous mépriser, puisqu’il ose attaquer le camp ; il est temps de l’en punir. Faites votre devoir, chevaliers, et enfermons-les dans un cercle de fer, que pas un seul ne puisse échapper. Amenez-moi Vivian ; prenez-le vivant, s’il est possible, et nous ferons traîner son corps par tout l’Archant à la grande honte de Guillaume.

À cet ordre il ajouta la promesse d’une grande récompense pour celui qui l’exécuterait ; et l’on pense bien que cela fit courir les mécréants. La montagne et la plaine disparaissent sous leurs bataillons.

Vivian, de son côté, pousse son cheval vers eux, en avant de tous les siens. Au premier Sarrasin qu’il trouve sur son chemin il porte un formidable coup de lance, qui lui perce l’armure et le corps ; il le jette par terre baigné dans son sang.

Lorsqu’il eut terrassé son ennemi, aux armes étincelantes et à son heaume doré, Vivian le reconnut pour le roi Desramé lui-même. Il le saisit par le nasal du heaume et tirant son épée, il lui aurait coupé la tête, si tous les Sarrasins d’Espagne et d’Orient ne fussent accouru à la rescousse de leur chef, qu’ils tirèrent des mains de son adversaire.

— Desramé, où te caches-tu, lui cria Vivian, après avoir senti l’acier de ma lance entre tes côtes ?