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sitions de quelques vers, des morceaux parfois très-hétérogènes, sans se soucier de l’unité de caractère des personnages, souvent sans s’inquiéter de certains disparates qu’il eût été facile de mettre d’accord. Notre poëme en fournit plusieurs exemples que j’ai cru devoir laisser subsister, pour ne pas fausser l’impression que doit produire la muse tant soit peu inculte du moyen âge.





Ceci nous amène naturellement à dire un mot du poëme de Guillaume d’Orange envisagé comme œuvre d’art.

Quand on ne s’occupe que de la marche générale du sujet, sans insister sur les détails, on peut affirmer hardiment que c’est une composition presque irréprochable. Et pour soutenir cette thèse on n’aurait pas même besoin de laisser de côté la branche du Moniage qui termine notre recueil, sous prétexte qu’elle altère le caractère de la vraie épopée en la faisant dégénérer en biographie rimée, sans unité artistique ; car les événements qu’elle peint si énergiquement, servent, sans aucun doute, à mieux faire ressortir le caractère du héros sous tous ses aspects. Cependant je veux bien, pour ne pas effaroucher les puristes en fait d’esthétique, la laisser en dehors du cadre que nous devons assigner au poëme.

Commençons par rappeler sommairement l’ensemble du récit.

Un jeune homme de race noble, fils du comte de Narbonne, d’une stature athlétique, d’une valeur peu commune, plein d’ardeur pour se mesurer avec les infidèles qui tiennent sa patrie sous un joug déshonorant, se rend avec son père à la cour de l’empereur Charlemagne, où sa valeur éprouvée aux yeux de tous dans un combat singulier contre un champion étranger, le rend digne d’être armé chevalier par le monarque lui-même.

Avant d’arriver à Paris il avait rencontré des messagers de l’émir Thibaut, l’ennemi redoutable qui menaçait Narbonne. Ils venaient d’Orange, où ils avaient été demander pour leur seigneur la main de la belle princesse Orable. Un combat s’engage, dans lequel les messagers sont vaincus, et Guillaume, mû par le désir d’humilier son ennemi, renvoie ses confidents à Orange avec ordre de dire à la princesse qu’aussitôt qu’il aura été armé chevalier, il se présentera devant elle pour l’épouser, après avoir tué Thibaut. En attendant celui-ci épouse la belle et met le siège devant Narbonne, défendue par la comtesse Ermengard. Guillaume, instruit