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fuirais jamais devant ses ennemis ; je serais donc un parjure, si j’envoyais chercher Guillaume ; tant que, Dieu merci, je suis vivant et sans blessure. Je vous donne ma parole qu’aussi longtemps que je me sens si fort, je n’enverrai pas de message à Orange et que j’épargnerai à Aymeric, à la belle Guibor et au marquis Guillaume, la honte de me voir fuir. Je ne bougerai pas d’ici ; j’y reste mort ou vif. Mais vous, barons, je ne veux pas que vous mouriez à cause de moi ; retirez-vous, je vous le permets de bon cœur. Moi, je suis retenu par mon serment.

Les yeux pleins de larmes tous se dirent :

— Jamais il ne naquit d’homme plus hardi ; malheur à celui qui se sépare de lui, que jamais Dieu ne le reçoive en son paradis !

Puis se tournant vers lui, ils ajoutèrent :

— Vivian, ne craignez rien, nous ne vous ferons pas défaut, dussions-nous être coupés en pièces ; nos épées vous soutiendront.

Vivian les remercia, et Girard lui dit :

— Nous sommes sept comtes du même lignage ; faites-nous donner des armes, tenons-nous ensemble et serrons-nous l’un contre l’autre, afin de nous soutenir.

Pleins de tristesse — l’un se lamentait sur le sort de l’autre — ils endossèrent les hauberts, lacèrent les heaumes et empoignèrent les lances au fer doré. Vivian en regardant sa troupe, fut effrayé de la voir si petite. Il se frappa la poitrine en disant :

— Dieu, ayez pitié de moi ! Je vous recommande nos âmes ! Quant à nos corps, il en sera ce que Vous voudrez.