dire. Je vous ferai entrer dans la ville de telle manière que les Sarrasins ne se douteront de rien.
— Hâtez-vous donc, beau frère, et que Jésus vous garde. Il prend treize mille hommes et laisse les autres sous les tentes. Ils s’acheminent vers le souterrain et y entrent ; ils marchent un à un dans l’obscurité la plus profonde, car ils n’avaient pas de flambeaux. Un soupçon traverse l’esprit de Bertrand ; il appelle auprès de lui le messager et lui dit à l’oreille :
— Gilbert, dis-moi la vérité, je crains que mon oncle ne soit mort ; tu nous as vendus aux mécréants.
— Voilà une folle pensée, dit Gilbert ; j’aimerais mieux être coupé en morceaux. Ce chemin vous conduira dans Gloriette. Je vous prie au nom de Dieu d’avoir confiance en moi.
— Va donc, beau frère ; je te recommande à Dieu. Pendant qu’ils parlent ainsi, ils pénètrent dans Gloriette.
Le comte Guillaume fut le premier à les apercevoir.
— Dieu, roi du ciel, s’écria-t-il, voilà la délivrance que j’ai tant désirée !
Les braves chevaliers ôtent leurs heaumes et se jettent dans les bras les uns des autres en pleurant de joie.
Le comte Bertrand fut le premier à parler :
— Comment allez-vous, mon oncle, dit-il, ne me cachez rien.
— Fort bien, beau neveu, Dieu soit loué ! Mais nous avons bien souffert ; car j’ai cru que je ne vous reverrais de ma vie, tant les Sarrasins nous ont maltraités.
— Oncle Guillaume, vous serez vengé dès ce moment. Il va sonner un cor sur les murs ; ceux du dehors s’arment dans leurs tentes. Les compagnons du comte Guillaume courent aux portes de la ville, qu’ils ouvrent ; puis ils abaissent les ponts, et ceux du dehors font leur entrée en criant : „Monjoie !”
En entendant ces cris de joie les païens furent pris de