Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191

— Vous dites vrai, madame, répondit Guillaume ; mais je ne sais où trouver un messager.

Ensuite s’adressant à son neveu,

— Neveu Guibelin, lui dit-il, cours à Nîmes sans t’arrêter et va porter de nos nouvelles à mon frère Bertrand ; qu’il vienne me secourir avec les gens qu’il a sous ses ordres.

— Oncle Guillaume, répondit Guibelin, vas-y voir toi-même. Par la foi que je dois à saint Étienne ! j’aime mieux mourir en cette belle tour qu’en la douce France ou à Aix-la-Chapelle. Je ne vous quitterai pas, dussé-je perdre ici tous mes membres. Envoyez-y Gilbert-le-Flament.

— Iras-tu, frère ? demanda le noble Guillaume.

— Certes, j’irai, répondit le baron, et je m’acquitterai loyalement de votre message.

— Va donc, beau frère, je te recommande à Jésus. Tu diras au paladin Bertrand qu’il vienne me secourir, et cela sans retard ; sinon, par le Dieu tout-puissant ! il ne verra plus jamais son frère Guillaume.

Le messager était prêt à partir, seulement il ne savait comment il pourrait échapper aux poursuites de l’ennemi, ne connaissant pas le pays.

— Je compte bien te conduire, dit la dame. Ne crains homme qui vive, mais marche dans la crainte du Seigneur Jésus.

Elle fit percer à côté d’un pilier une ouverture, longue et large d’une toise.

— Frère, dit-elle, vous pouvez entrer ici, et au bout vous trouverez trois colonnes soutenant un arc-boutant.

Aussitôt il descendit dans le souterrain, accompagné de Guillaume, de Guibelin et d’Orable au clair visage. Ils ne s’arrêtèrent qu’aux trois colonnes. Gilbert passe sous l’arc-boutant du milieu et se trouve au bord du Rhône ; il trouve un bâteau et se met à ramer vers le bord opposé. Le comte Guillaume, Guibelin et Orable retournent sur leurs