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detruit avec des maillets de fer. Et s’il peut se rendre maître d’Arragon, votre bien-aimé beau-fils, il le fera mourir de mort honteuse, en le faisant pendre ou brûler vif.

La dame jeta un sourire en écoutant les étranges messagers ; puis, sans se préoccuper de ce qu’ils venaient de lui annoncer, elle leur dit :

— Seigneurs barons, je comprends fort bien ce que vous me dites. Mais dites-moi quel homme est donc ce Guillaume Bras-de-fer, qui a pris Nîmes et son château, qui a tué mes hommes et me menace encore ?

— Ah ! répondit Guillaume, il a un fier courage, les poings gros et un merveilleux bras. Il n’y a homme si grand, d’ici jusqu’en Arabie, s’il le frappe de son épée, qu’il ne lui coupe en deux le corps recouvert de l’armure et que l’épée n’aille s’enfoncer en terre.

— Hélas ! répondit la dame, il sera le maître en ces marches ! Bienheureuse est la dame à laquelle il donnera son cœur.

Cependant les païens commençaient à les entourer en grand nombre, pour regarder ces étrangers. Si Dieu ne se souvient d’eux, il arrivera malheur à Guillaume ; car parmi les curieux se trouvait certain Salatré — que le Seigneur le confonde ! — qui avait été fait prisonnier à Nîmes, mais qui était parvenu à s’échapper. Après avoir bien regardé les étrangers, il courut chercher Arragon et lui dit à l’oreille :

— Par Mahom ! Sire, il y a un beau coup à faire, et les mauvais traitements qu’on voulait m’infliger à Nîmes, seront repayés. Voyez-vous ce baron de haute stature ? C’est Guillaume, le marquis au court nez ; ce jeune homme qui est près de lui, c’est son neveu, et celui qui tient ce grand bourdon, c’est le baron qui s’est sauvé d’ici. C’est pour nous nuire qu’ils se sont ainsi déguisés : ils pensent se rendre maîtres de cette place.

— Est-ce bien vrai ce que tu me dis, répondit Arragon ?