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— C’est un nom qui sonne mal. Mais enfin, frère Tiacre, que nous apportez-vous ?

— Des draps d’or, de riches taffetas, des tissus d’Orient, de couleur écarlate, verte et d’un beau violet ; ensuite des hauberts, des heaumes, des lances et de bons écus, des épées étincelantes aux gardes incrustées d’or.

— Vous ferez de bonnes affaires, dit Otrant.

— Attendez donc, seigneur, répondit Guillaume, je ne vous ai pas encore nommé les choses les plus précieuses.

— Qu’est-ce donc ?

— De l’encre et du souffre, de l’encens, du vif argent, de l’alun, de la cochenille, du poivre, du safran, des pelleteries, de la basane, des cuirs de Cordoue, et des peaux de martre, dont on a souvent grand besoin.

Otrant sourit de contentement et tous les Sarrasins se montrèrent extrêmement joyeux.

— Ami Tiacre, dit Otrant, il me semble que vous êtes bien riche, ayant besoin de tant de charrettes pour apporter vos bonnes choses ici. J’espère bien que vous m’offrirez un joli cadeau, ainsi qu’aux autres jeunes chevaliers ; cela ne vous fera pas de tort.

— Beau sire ! lui répondit le comte, prenez patience. Je ne quitterai pas la ville aujourd’hui ; elle est bonne et je compte m’y arrêter quelque temps. Demain, avant le coucher du soleil, je vous ferai tant donner de mon avoir, que le plus fort d’entre vous aura de la peine à porter ce que je lui destine.

Et les païens de s’écrier :

— Marchand, tu es un noble homme. Tu es fort libéral, du moins en paroles ; demain nous saurons si tu l’es de fait.

— Certes, répondit-il, plus que vous ne pensez. Jamais je n’ai trompé personne, et je vous jure que j’ai toujours gaiment abandonné à mes amis tout ce qui est à moi.

Puis s’adressant à l’un de ses hommes :

— Tous mes chariots sont-ils entrés, demanda-t-il ? Et sur