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— Allez, beau sire, dit le roi, que Dieu vous conduise. Que Jésus protége vos exploits, afin que je vous revoie sain et sauf.




III.


Le Charroi.


Le comte Guillaume à la fière tournure partit, et avec lui maint gentilhomme, parmi lesquels ses neveux Bertrand et Guibelin.

Ils mènent avec eux trois cents chevaux de somme, chargés en partie de calices d’or, de croix, d’encensoirs, de missels, de psautiers et de riches tissus, afin de pourvoir au service divin dans le pays des mécréants.

D’autres chevaux emportent des chaudrons et des trépieds, des crocs, des tenailles, des broches et des nappes, afin de pouvoir préparer le dîner dans le pays ravagé.

Ils font leurs adieux à la France et traversent la Bourgogne, le Berry et l’Auvergne. Arrivant un soir aux cols des montagnes ils s’arrêtent et font dresser les tentes.

Bientôt les feux sont allumés et l’on se met à l’œuvre pour préparer le souper.

Guillaume est dans son pavillon ; soudain il soupire et des larmes sont dans ses yeux. Bertrand le regarde avec étonnement.

— Mon oncle, lui dit-il, pourquoi vous lamentez-vous ? Êtes-vous une femme qui pleure son veuvage ?

— Je pense à bien autre chose, mon neveu. Tous ces