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II.


Le fief d’Espagne.


À ces mots il sortit et descendit les marches tout bouillant de colère. Au bas de l’escalier il rencontra Bertrand, qui lui demanda ce qui lui était arrivé.

— Je suis resté trop longtemps en ce palais, répondit-il, je me suis mis en colère et je me suis disputé avec Louis, parce qu’après l’avoir longtemps servi, il ne m’a rien donné.

— Dieu vous punira, dit son neveu. On ne doit pas presser son seigneur légitime ; mais on doit lui obéir, l’honorer et le défendre envers et contre tous.

— Tu as beau dire. Il m’a malmené ; j’ai usé ma vie à le servir, je n’y ai pas gagné la valeur d’un œuf pelé ! — Par la force de mon bras je l’ai porté au trône et l’y ai maintenu, et voilà qu’il m’offre un quart de la France, évidemment pour me déshonorer en me payant mes services avec de l’argent. Mais par l’apôtre qu’on invoque à Rome ! j’ai envie de lui abattre la couronne de la tête ; je l’y ai mise, je l’en ôterai.

— Monseigneur, reprit Bertrand, vous ne parlez pas comme un gentilhomme. Vous ne devez pas menacer votre seigneur légitime, mais au contraire veiller sur son honneur et le défendre.

— Tu as raison, beau neveu. On doit toujours rester loyal ; c’est le commandement de Dieu, qui doit nous juger.

Bertrand, qui était un homme de grand sens, lui dit :

— Oncle Guillaume, retournons de suite au palais et allons parler au roi. Il m’est venu en l’esprit un don qu’il pourrait vous faire.

— Qu’est-ce que cela pourrait être, fit le comte ?

— Je vais vous le dire. Demandez-lui la marche d’Es-