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mercièrent à grands cris ; il y en avait cent, qui tous s’inclinèrent devant lui et lui embrassèrent les genoux.

— Seigneur Guillaume, reprit le roi, entendez ce que je vais vous dire. Puisqu’il ne vous appartient pas de prendre ce fief, je vous jure par Dieu, que je vous donnerai un don qui vous mettra au-dessus de tout le monde, si vous savez l’exploiter sagement. Je vous offre le quart des revenus de toute la France : le quatrième denier des abbayes et des marchés, des cités et des archevêchés, des vilains et des chevaliers, des demoiselles et des dames mariées ; le quart des chevaux de mes écuries, le quart des deniers de mon trésor ; le quart de tout mon royaume enfin, voilà ce que je vous offre.

— Non, Sire, répondit Guillaume, je n’accepterais pas cette offre pour tout l’or du monde, puisque tous vos barons diraient : „voyez comme l’orgueilleux marquis Guillaume a dépouillé son seigneur légitime ; il lui a pris la moitié de son royaume, pour laquelle il ne lui paie aucune redevance ; on peut bien dire qu’il lui a rogné ses moyens d’existence.”

— Si vous refusez encore ce bénéfice, dit le roi, par saint Pierre ! je ne sais que vous offrir en ce royaume.

— Sire, reprit Guillaume, n’en parlons plus. Quand il vous plaira, vous me donnerez assez de châteaux et de terres.