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l’université de Leide, a complété mon travail par des observations aussi ingénieuses que savantes. Je ne reproduirai pas ici ces études : je me borne à en indiquer les résultats. Mais on ne m’en fera pas, j’espère, un reproche, si je reproduis ici quelques raisonnements qui ont déjà trouvé leur place dans l’ouvrage cité, que probablement les lecteurs de ce livre n’auront pas sous la main.

Or, par rapport à la première de nos chansons, celle qui dans l’original a pour titre Les Enfances Guillaume il n’y a que le récit du siége de Narbonne qui puisse avoir un fond historique. Il a probablement sa source dans la dernière attaque de la part des Sarrasins à laquelle Narbonne fut exposée en 1018 ou 1019. Les infidèles essayèrent de forcer l’entrée de la cité ; mais ils furent repoussés et taillés en pièces, tout comme dans le poëme.

Dans la branche du Couronnement plusieurs traditions ont été amalgamées.

Le couronnement de Louis dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle eut lieu en 814 : l’historien Thégan et le poëte Ermoldus Nigellus racontent cet événement, dont ils furent contemporains, avec des détails qu’on retrouve à peu près tous dans le poëme populaire.

On y a rattaché (IV — V) le souvenir d’événements beaucoup postérieurs. Le Roi Louis qui figure dans cette partie est, sans aucun doute, Louis-d’Outre-Mer, fils de Charles-le-Simple, mort en 929.

Les chapitres II et III rappellent un fait qui se passa en Italie vers 1001, raconté par l’auteur de la chronique du Mont-Cassin et par Ordéric Vital. Le Guillaume historique fut un seigneur de Montreuil qui, vers la moitié du onzième siècle, a été généralissime du Pape, et le poëme laisse entrevoir que c’est bien de lui qu’il s’agit ; car quoique le héros soit censé être le leude de Charlemagne, quand il pense à rentrer dans ses foyers,

Va s’en li rois à Paris la cité,
Li cuens Guillaumes à Mosterel sor mer.

Nous avons donc affaire ici à une tradition normande, comme M. Dozy l’a démontré sans réplique.

Quand au Charroi de Nîmes, il parait que c’est là encore une tradition du même pays, et que Nîmes a été substitué à une ville d’Italie prise par les Normands. L’histoire ne parle pas d’un pareil fait d’arme ; mais M. Dozy fait remarquer que parmi les